Prise de parole du CDPE FCPE 17 le 25 mai 2024 à La Rochelle

Samedi 25 mai 2024, des militants et responsables FCPE de La Rochelle, de Saintes, du CDPE 17, ont participé activement aux rassemblements et aux défilés contre le "Choc des savoirs" et pour l'école publique, à La Rochelle (à compter de 10h30) puis à Saintes (à 14h).
Le Conseil Départemental des Parents d'Elèves FCPE de Charente-Maritime a pris la parole lors des deux rassemblements. Dans cette publication sont proposées :
a - la transcription de la prise de parole du CDPE FCPE 17;
b - une photographie prise lors de la prise de parole assurée par le Président du CDPE 17, accompagné d'un Administrateur départemental FCPE, à La Rochelle.

Prise de parole du Conseil Départemental des Parents d’Élèves FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Élèves) de Charente-Maritime – mobilisation du 25 mai 2024 contre le « choc des savoirs » et pour l’École publique – La Rochelle (10h30) et Saintes (14h)


Merci d'être rassemblés aujourd’hui pour signifier, concrètement, par la mobilisation, combien nous sommes attachés à l’école publique et voulons la défendre.

Pour la FCPE 17, le prétendu « choc des savoirs » est une contre-réforme régressive, qui porte des atteintes inacceptables aux acquis de l’école publique. Nous considérons que cette contre-réforme s’appuie sur une vision conservatrice de l’école, mais bien plus, que des mesures sont réactionnaires en opérant un retour vers le passé qui fait revenir l’école des décennies en arrière.

 

Cette contre-réforme est tournée contre les intérêts des élèves

Nous, parents d'élèves, exigeons de l’État qu'il mette les moyens à la hauteur des ambitions que l’école publique doit porter pour la jeunesse de notre pays.

C'est avec des classes moins chargées et des enseignants, des personnels d’éducation, de santé, d’orientation, c’est-à-dire avec des équipes pluri-disciplinaires relevant de l’Éducation nationale, et en nombre suffisant, que nos enfants pourront suivre le parcours scolaire qui leur convient le mieux, être accompagnés et soutenus dans leur instruction, sur le plan social, dans les enjeux de santé et d’orientation, et devenir des citoyens à part entière.

 

Les questions de recrutement, de formation, de liberté des professionnels d’exercer leurs missions dans l’intérêt des élèves sont essentielles.

Or, s’amorcent des remises en cause, avec une volonté manifeste, à un haut niveau, de prescrire aux professionnels ce qu’ils auraient à faire au lieu de s’appuyer sur leurs qualifications et expériences professionnelles.

Cette rigidification prescriptive passe aussi par la labellisation des manuels en primaire, qui évoque historiquement la monarchie de Juillet ou le régime de Vichy. Elle passe encore par la concertation dans un délai extrêmement contraint sur « le respect de l’autorité à l’école » qui, en réalité, pointe du doigt des publics en difficulté et entérine les inégalités scolaires, au lieu de chercher des solutions pertinentes à apporter par des dispositifs éducatifs, des moyens pédagogiques, des actions en soutien des familles. La rigidification prescriptive passe en outre par l’expérimentation de l’uniforme – mesure hors-sujet – et la promotion du Service National Universel dans une symbolique visant à la maîtrise des corps et des esprits de la jeunesse. L’uniforme ramène aux lycées napoléoniens : quel recul ! Alors qu’un élève sur 10 est touché par la grande pauvreté, vouloir masquer les différences sociales par un habit imposé a tout d’un faux-semblant, sans doute moins coûteux que d’investir les moyens nécessaires à la résolution par le haut des difficultés scolaires, de la paupérisation, et de la question sociale ; mais le coût des uniformes serait mieux investi en finançant des moyens utiles au système éducatif.

Ceci ne peut qu’inquiéter les parents d’élèves qui doivent déjà faire face aux difficultés récurrentes de non-remplacement des enseignants causées par les insuffisances en moyens humains, sans occulter les manques en médecins scolaires ou encore les politiques de fermeture des Centres d’Information et d’Orientation qui concernent aussi la Charente-Maritime, avec la fermeture du CIO de Saintes venant après celle du CIO de Royan.

 

Nous, parents d'élèves, refusons que l’école soit transformée en une machine à sélectionner, que nos enfants soient triés, séparés, et que ceux qui seront considérés dès l’abord du collège comme plus faibles soient stigmatisés avant d’être précocement orientés. Les groupes dont la constitution est prévue ne s’appellent plus officiellement de niveau mais ils le restent car ils sont conçus par les initiateurs de l’actuelle contre-réforme dans l’optique de différencier les niveaux des élèves, ce qui rappelle forcément l'époque d'avant la réforme du collège unique, où les élèves étaient séparés dans des filières. Il s’agit ici d’un approfondissement, en remontant vers le collège, d’une politique de tri et de sélection déjà mise en œuvre avec Parcoursup à l’issue du lycée. Sans occulter les classements établis entre les établissements scolaires eux-mêmes.

 

Nous, parents d’élèves, défendons une école gratuite, laïque, républicaine, qui permet à nos enfants d'être scolarisés ensemble, dans les mêmes classes, de pouvoir  collaborer, s’entraider, se connaître : alors que les Spécialités en lycée ont déjà fait éclater les groupes-classes, faire vivre ensemble tous les élèves ne peut s’accommoder de la réintroduction d’un séparatisme scolaire par le moyen de groupes de facto de niveau au collège. L’école publique est un lieu d’éducation inclusive qui doit permettre de développer pleinement le potentiel de chaque enfant, dans une logique d'éducation pour tous.

 

Cette contre-réforme est tournée contre les possibilités des parents d'accompagner, dans l'esprit de la co-éducation, la scolarité de leurs enfants.

Nous, parents d'élèves, avons la responsabilité d’accompagner nos enfants. Nous savons que la famille et l’école apportent de manière complémentaire éducation et  instruction, sans cloisonnement étanche.

Les parents, membres à part entière de la communauté éducative, doivent être associés au fonctionnement de l'école. Or, des obstacles existent déjà, par exemple avec des horaires d’instances des établissements publics locaux d’enseignement placés à des horaires incompatibles avec leur présence. Et le prétendu « Choc des savoirs » va contribuer à minorer le rôle des parents dans le suivi et les décisions relatives à la scolarité de leur enfant : ainsi, en élémentaire, le redoublement sera facilité car décidé et non plus proposé par le Conseil des maîtres, tandis que les familles n’auront qu’un délai restreint de 15 jours pour formuler un recours auprès de la Commission départementale d’appel. Pourtant, plus le redoublement est précoce, plus ses effets sont délétères sur la scolarité, et une étude du Centre national d’étude des systèmes scolaires (Cnesco) publiée en 2015 a confirmé que « le redoublement a [...] toujours un effet négatif sur les trajectoires scolaires et demeure le meilleur déterminant du décrochage. »

Si nous sommes les éducateurs premiers, de la naissance à l’entrée dans l’âge adulte, nous avons besoin, et nos enfants, de l’école publique et laïque et des compétences de ses personnels afin que l’acte éducatif soit partagé entre tous les adultes, chacun selon son rôle et sa compétence.

 

L’école républicaine doit être conçue et mise en œuvre pour tous les enfants, elle doit demeurer ancrée sur les principes qui la fondent, et ses acquis sont à défendre ; ce sont les raisons profondes pour lesquelles la FCPE refuse la contre-réforme du prétendu « choc des savoirs » qui va stigmatiser les plus faibles, les orienter précocement, introduire un séparatisme scolaire venant fragmenter la jeunesse, sans rien résoudre des questions véritables qui se posent au système éducatif et sans accorder les moyens dont l’école publique a réellement besoin.

 

Affirmons tous ensemble : "Non au « choc des savoirs », Oui aux moyens pour l'école publique !"